On monte dans un bus
On s’allonge sur une banquette à l’arrière. On essaye de dormir.
Le bus fait plusieurs arrêts. Des militants montent. On nous demande de céder les places pour les autres. La nuit, noire, le silence absolu. La tension dans la cabine est palpable comme si l’engin partait pour le front, comme un obus qui fendrait l’air. Je ne suis pas armé mais d’autres si.
On arrive dans la ville.
Je ne la connais pas.
Il y a des barricades.
Dans le centre, tout devient blanc et lisse, des passerelles, des corridors, des toboggans s’enchevêtrent, un terre-plein glissant. Des silhouettes noires en grand nombre, découpent un décor aveuglant. Des fusées de détresse scindent le noir du ciel en deux. C’est le signal que nous attendions. On entend des cris, des explosions retentissent. Les gens courent dans tous les sens, se bousculent. Des coups de feu. Des masses s’écroulent de tout leurs poids, exténuées ou mortes.
Très vite nous nous retrouvons cernés, les formes noires armées sans visages resserrent l’étau.
J’essaye de m’échapper.
— On ne passe pas, ordonnent les cyborgs à l’unisson. Je tente en vain de forcer le passage. Je reçois un coup de crosse et m’effondre.
