Grand tourbillon perpetuel

L’horloger-joailler me montre des modèles de montres aux complications de plus en plus compliquées.
Forcément le prix augmente en fonction de la complexité de la complication me dit-il. Il porte des gants blanc et l’ambiance feutrée du salon me met mal à l’aise. Celle-ci par exemple vous indique la position de Vénus par rapport à Mars me dit-il. Celle-ci possède un mouvement perpétuel qui ne s’arrête qu’en cas de fin du monde. Sans comprendre l’intérêt pour cela je lui demande de me montrer un modèle dont la forme me paraît curieuse.
— Ah ! Je vois, monsieur est un connaisseur, me dit-il avec un sourire forcé. Il me tends la montre et m’arrête au moment où je m’apprête à la mettre à mon poignet.
— Non, non, dit-il surtout pas. Vous ne pouvez la porter qu’une fois dehors. Elle indique l’heure de votre mort et enclenche un compte à rebours dès que vous la passez à votre poignet. C’est la Vertigo notre Grand Tourbillon Perpétuel.

Je sors de la boutique désorienté, je déballe le paquet, mets la montre. Celle-ci réinitialise toutes les aiguilles heures, secondes, minutes et la date à celle du jour. Seule l’aiguille des secondes reste à 5 secondes puis s’enclenche. J’ai à peine le temps d’entendre la voiture qui me fauche.

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