Vert Mystère

Un château.
Des enfilades de salles immenses.
Nous nous sommes retrouvés dans le parc.
En descendant j’ai vu une salle avec un vert que je voudrais revoir.
C’est un vert très particulier. D’une grande pureté. Je voudrais le noter, le photographier, ne pas l’oublier. Je vais l’oublier si je ne le revois pas.
C’est important.
Je parcours les corridors.
Les verts ne sont pas les mêmes que dans ma mémoire.
Ils sont tous beaux, puissants, mais je les connais bien ceux-là.

Une aile du château est réservée à l’art contemporain.
Des pièces affreuses, tout est de mauvais goût.
Des tableaux aux couleurs criardes, mouchetés par des giclées. Expressionnisme au rabais.
— C’est quoi ça ?
— Je ne sais pas.
Des sculptures noires de doberman en résine, des lapins, des chevaux.
Tout est ignoble.
— C’est un cauchemar cette collection.
On s’assoit, fatigués, déprimés.
La salle est calme les tables basses sont des imitations Noguchi
— On pourrait les poursuivre pour contrefaçon, dit-il.
— Il y a un marché pour tout finalement. Des marchés parallèles pour l’art. Même le mauvais goût a son marché. En se plaçant au devant de la scène ça masque tout le reste.
Le monde est une contrefaçon.

Je repense au vert je l’ai déjà oublié.

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