Thalassa

— Je préfère le faire debout me dit-elle.
Elle m’ordonne d’ôter ma chemise, m’attire vers elle en ne me quittant pas des yeux. Profondeur et immensité me submergent. Une partie de son corps mi-humain mi-poisson s’ouvre. Son abdomen béant laisse apparaître des lèvres puissantes comme un coquillage démesuré et fantastique. La bouche humide se pose délicatement sur mon ventre dans un bruit de succion. Des filaments translucides entourent mon corps et m’envoient des décharges électriques. Je n’essaye plus de contrôler quoi que ce soit. Je me laisse aller. La forme d’un poisson torpille me vient à l’esprit comme un flash entre deux décharges, une tête d’hippocampe se penche et me susurre à l’oreille « viens ». Je perds connaissance. Elle m’entraîne vers le fond. L’eau refroidit, le bleu devient profond de plus en plus dense. Je ne peux plus respirer. Elle me dit : — tu as des branchies sert-en, mais tu as oublié comme tous les tiens. Elle rit.

Nous disparaissons enlacés dans les profondeurs.

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