Sœur

— Je n’en peux plus de me faire du soucis pour toi. C’est la même chose qu’avec maman. Au bout du fil tu ne savais jamais dans quel état elle était. Si ça sonnait dans le vide tu pensais qu’elle s’était suicidée. Si ça décrochait c’était presque pire.
En quelques secondes selon sa voix tu savais si elle était dans les vapes et à quel degré. Comme sur l’échelle des tremblements de terre.Elle n’allait presque jamais bien. 10 sur l’échelle de Richter. J’ai vécu comme ça 25 ans dans la peur et l’inquiétude.
Je n’ai pas envie de revivre ça avec toi.
Tu comprends ?
Je ne vais plus t’appeler.
Tu ne m’appelleras que quand ça va.
Et tu te prends un psy.
Tu as pris rendez-vous au moins ? 

— Non. J’ai perdu le numéro.

Je la prends par les épaules, je la secoue. C’est un geste désespéré.
Une tentative de chasser ses idées noires de sa tête.
Elle pleure.
— Arrête.
Je la secoue de plus en plus. Je la gifle plusieurs fois.
— Réveille toi, réveille toi, réveille toi.

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